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La séance d’hypnose pour retrouver le sommeil

L’hypnothérapie est indiquée dans le cas d’une dépression anxieuse, où l’insomnie n’est qu’un
symptôme parmi les autres manifestations de la peur et de l’anxiété et dans le sevrage progressif des
hypnotiques.
L’insomnie est vécue dans ces cas comme un désir d’hypervigilance, contrôle de tout et de rien. Une
hyperactivité intellectuelle qui ne laisse aucune place au répit et à la récompense d’un sommeil bien
mérité. Un malaise chronique où le sommeil n’est plus un refuge : la peur de s’endormir, puis la peur
de ne pas pouvoir s’endormir. Le manque de sommeil finit par provoquer un épuisement physique et
moral.


La technique d’hypnose utilisée vise à calmer l’anxiété par des suggestions de relaxation, puis à
réaliser une véritable rééducation du sommeil. L’hypnose présente une parenté avec
l’endormissement en ce qu’elle nécessite une isolation sensorielle : bruits, lumière, température,
puis une détente psychophysique avant d’atteindre la léthargie déclenchant le sommeil proprement
dit.


La particularité de l’insomniaque étant justement de s’empêcher de dormir, d’entraver un processus
naturel, il est prévisible qu’il tente de contrôler aussi le lâcher-prise sous hypnose. Il faut l’en avertir
et lui rappeler que les suggestions ne nécessitent qu’un demi-sommeil pour être efficaces.
Les souffrances du passé, les drames de l’enfance, les peurs sont des explications de l’installation du
trouble mais ne justifient pas sa persistance. L’hypnose fait appel à des processus d’adaptation qui
vont au-delà pour rétablir des mécanismes naturels ou vitaux quels qu’aient été les problèmes
rencontres.


Les thérapies cognitivo- comportementales sont le traitement non médicamenteux de première
intention dans l’insomnie chronique. L’hypnothérapie peut être une alternative car elle offre des
méthodes pratiques permettant de gérer l’anxiété et de favoriser l’endormissement.
A partir d’un fort sens de l’observation, M. H. Erickson développa des stratégies mentales de type
auto-hypnotique qui lui permettront de retrouver une certaine autonomie. De la transe hypnotique
profonde à la simple suggestion conversationnelle, la communication devient alors un outil
thérapeutique. Il élabora des techniques privilégiant l’utilisation de métaphores. Sa stratégie se
fonda sur les éléments suivants :

  • L’identification des motivations et des ressources du patient.
  • La connaissance de son langage, verbal et non verbal, et de ses valeurs afin de rencontrer le patient
    dans son propre cadre de référence.
  • La mobilisation des ressources en utilisant le langage du patient et les valeurs du patient.
  • La création d’un lien, le plus souvent indirect ou métaphorique, entre les ressources et les
    problèmes à résoudre.
  • L’acceptation des résistances du patient comme un « style » relationnel et la capacité à utiliser ces
    résistances à des fins thérapeutiques

Ainsi, Jean Godin a défini l’hypnose comme « un mode de fonctionnement psychologique dans lequel
un sujet, grâce à l’intervention d’une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité
environnante, tout en restant en relation avec l’accompagnateur.
« Ce débranchement de la réaction d’orientation à la réalité extérieure », qui suppose un certain
lâcher-prise, équivaut à une façon originale de fonctionner à laquelle on se réfère comme à un état.
Ce mode de fonctionnement particulier fait apparaître des possibilités nouvelles : par exemple des
possibilités supplémentaires d’action de l’esprit sur le corps, ou de travail psychologique à un niveau
inconscient. Le Larousse défini l’hypnose comme « État de conscience particulier, entre la veille et le
sommeil, provoqué par la suggestion ». Enfin, comme le résume le Dr BIOY, l’hypnothérapie peut
aussi se définir comme « état modifié de la conscience » servant d’expérience subjective à un sujet
en relation avec un praticien, observable, mais difficilement mesurable objectivement, dans le but
d’apporter une solution à un problème posé par le patient.
Les mécanismes physiologiques à l’œuvre dans l’hypnose sont encore régulièrement étudiés. Les
résultats issus de ces études ont permis en évidence un effet neurophysiologique en lien avec la
transe hypnotique, indépendant de l’effet placebo, mais ils ne permettent pas encore d’expliquer
complètement le phénomène. En effet, le développement des techniques d’imagerie fonctionnelle a
permis de mettre en évidence une baisse d’activité du réseau du mode par défaut qui soutient la
conscience interne permettant ainsi de confirmer que l’état hypnotique est un état modifié de
conscience.
Le réseau du mode par défaut désigne un réseau constitué des régions cérébrales actives lorsqu’un
individu n’est pas focalisé sur le monde extérieur, et lorsque le cerveau est au repos, mais actif. De
plus, les modifications d’activités au niveau du cortex cingulaire antérieur permettent d’affirmer que
l’état hypnotique peut moduler les ressentis, en particulier les émotions telles que la douleur ou bien
l’anxiété. Enfin, il est aussi établi que l’hypnose n’est pas un état de sommeil particulier
contrairement à ce que pourrait laisser entendre son étymologie grecque (« hypnos » qui est le dieu
du sommeil). L’altération de l’état de conscience produite lors de la transe hypnotique ressemble
davantage à une rêverie détendue qu’à un sommeil. L’électroencéphalogramme de l’hypnose ne
montre aucun des ralentissements de l’électroencéphalographe typiques du sommeil, bien que des
mouvements oculaires lents et roulants soient fréquents en association avec la visualisation pendant
un état hypnotique.
Un bon sommeil est décisif pour le repos physique et mental. Le sommeil profond, plus
particulièrement, exerce une influence positive tant sur notre mémoire que sur les fonctions du
système immunitaire ; dans cette phase, des hormones de croissance sont libérées, ce qui active la
réparation cellulaire et stimule le système immunitaire. Quand nous nous sentons fatigués ou après
une longue journée de travail, dormir bien et profondément est souvent la seule chose que l’on
souhaite vraiment. Une envie qu’il nous est impossible de contrôler – c’est du moins ce que prône la
croyance populaire.
Des spécialistes de la recherche sur le sommeil des Universités de Zurich et Fribourg prouvent le
contraire : ils ont démontré que l’hypnose influence positivement la qualité du sommeil et cela dans
une proportion surprenante. « Cette constatation ouvre de nouvelles possibilités très prometteuses
pour améliorer la qualité du sommeil sans l’aide de médicaments », explique Björn Rasch, directeur
de la recherche menée à l’Institut de psychologie de l’Université de Zurich, dans le cadre du projet
«Schlaf und Lernen».